Déclaration de SUD éducation au CSA académique du 5 novembre 2024

Déclaration liminaire SUD Education - CSA A du 5 novembre 2024 – Rectorat d’Aix Marseille

Monsieur le Recteur, Mesdames et Messieurs les membres du CSA - A,

Si l'ordre du jour de cette instance concerne le rapport social unique de l'académie, SUD Éducation souhaite alerter sur certains sujets qui aujourd'hui sont prégnants aussi bien dans les salles des maitresSSes que dans les salles des profFEs. SUD éducation, en introduction, réaffirme son engagement en faveur d’une éducation publique de qualité, émancipatrice, et accessible à toutes et tous. En cet automne 2024, nous faisons face à un contexte global alarmant : l'application à marche forcée de la réforme du lycée professionnel, les mesures de tri social et scolaire incarnées par ledit "choc des savoirs", les suppressions de postes annoncées. Tous ces éléments font partie de l’alerte sociale déposée au niveau national par l'intersyndicale en ce qu'ils témoignent d’une politique d’austérité qui fragilise encore davantage notre système éducatif.

Encore, nous dénonçons les mesures d’austérité qui pourraient impacter directement nos conditions de travail. Nous dénonçons les 4000 postes que le gouvernement prévoit de supprimer dans notre ministère. Nous dénonçons le passage de 1 à 3 jours de carence pour les fonctionnaires et la gestion des congés maladie, mesures annoncées dans le cadre de la réduction des dépenses publiques voulue par ce gouvernement. Ces choix politiques mettent en danger non seulement notre profession, mais aussi la qualité de l’enseignement que nous offrons aux élèves.

Au niveau académique, nous devons également faire face à des situations préoccupantes, comme celles rencontrées à Marseille au collège Mallarmé, au lycée Saint Exupéry, mais aussi très récemment au lycée de la Floride et à la Calade, établissements qui ont connu des mises en danger graves d'élèves, de familles, de personnels ces derniers mois. Les réponses apportées par les différentes institutions sont bien en deçà des problématiques soulevées : les visions court-termistes, sécuritaires, répressives n'arrangeront rien dans des quartiers laissés depuis trop longtemps à l'abandon par tous les pouvoirs publics.

Par ailleurs, nous continuons de dénoncer la précarité croissante des personnels : des contractuel.le.s enseignant.es, AED, AESH.  Celle-ci constitue une réelle menace pour la stabilité des équipes éducatives. Et nos collègues AED n'avaient pas besoin d'une erreur de logiciel concernant les contrats de travail qui a entrainé des abus importants concernant les périodes d'essai ! Nous comptons également de nombreux dysfonctionnements concernant les passages en CDI pour ces mêmes personnels.

Quant aux AESH, déjà fortement malmenées avec la logique mutualisatrice des PIALS, elles sont toujours trop peu nombreuses, trop peu formées, toujours plus fragilisées par le manque de personnels médico-sociaux qui devraient intervenir dans les écoles pour répondre aux besoins des élèves handicapéEs. Concernant la prise en charge des heures périscolaires des AESH (cantine, centre de loisirs...) par l'EN, comment cela est-il prévu dans l’académie ? Actuellement, la mairie de Marseille par exemple dit n'avoir aucune réponse de la DSDEN des Bouches-du-Rhône sur le sujet...

Dans ce contexte, on ne peut que faire le constat d'une école inclusive au rabais. Les moyens ne sont pas là pour accueillir tous les enfants à l'école, comme c'est, nous le rappelons, le droit commun pour toutes et tous. Les effectifs restent trop chargés, les personnels enseignants et non-enseignants trop peu formés aux pratiques pédagogiques et éducatives inclusives, les personnels médicosociaux trop peu nombreux-SES, les bâtis scolaires non adaptés...

Pour SUD éducation, il ne faut pas plus de places en milieux spécialisés, il faut mettre fin à la vision validiste de notre système scolaire et mettre les moyens pour accueillir tous les élèves dans des conditions dignes à l’école publique.

Nous devons aussi alerter sur la dégradation de la formation continue, qui remet en cause le principe de neutralité du service public. Les animations pédagogiques à destination des professeurEs des écoles sont de plus en plus proposées par des éditeurs privés, ce qui compromet l’indépendance et la qualité de notre formation. Cela soulève des questions essentielles sur les valeurs d'égalité et d'impartialité que nous devons défendre au sein de l'éducation nationale. Nous pouvons citer par exemple des formations "constellations en mathématiques" organisées à Marseille et animées par 2 intervenantes de chez Bordas qui font la promotion de leur méthode "Les maths avec Léonie" ainsi que la méthode de Singapour.

Un autre sujet inquiétant en ce début d'année scolaire : nous avons eu des remontées de terrain nous indiquant que dans de nombreux collèges, les cours de FLE pour les parents dans le cadre des dispositifs OEPRE ont été annulés faute de financements. Nous souhaiterions avoir des précisions sur ce sujet. Une nouvelle enveloppe budgétaire arriverait pour le début de l'année 2025, est-ce une information confirmée ?

 

Enfin, la question de la scolarisation des Mineurs Non Accompagnés (MNA) dans notre académie reste un problème majeur. Des dizaines de mineurEs sont privéEs de leur droit à la scolarisation, faute de moyens pour effectuer les tests, puis pour les affecter dans des établissements scolaires. Ces jeunes, aux parcours de vie extrêmement complexes se retrouvent dans des états d'errance parce que l'Etat n'honore pas ses obligations.

Pour conclure, dans un contexte de politique nationale qui ordonne les économies budgétaires, qui rediffuse partout ces préjugés insupportables sur le travail des agentEs des services publics (temps de travail, absences, rémunérations...), nous ne pouvons que constater que les effets continuent d'atteindre les plus fragiliséEs d'entre nous. Plus particulièrement à l'école, ceux et celles qui sont les premières victimes de cette école du tri social voulu par Macron et son monde, sont ceux et celles dont nous venons de parler dans notre déclaration : les élèves des quartiers prioritaires, les élèves migrantEs, les élèves handicapéEs, les personnels précaires AED et AESH.

SUD éducation rappelle ici son attachement au service public d'éducation, comme bien commun à défendre, celui d'une seule école publique, gratuite et émancipatrice pour toutes et tous.