1. Pourquoi l’interpro ?
Aux origines du syndicalisme de lutte : l'interpro comme solidarité entre les travailleurEUSEs
Il est important de rappeler que nous ne sommes pas un syndicat corporatiste et que nous faisons partie d'une union syndicale. Notre syndicat repose sur l'équilibre suivant : un pied dans notre secteur d'activité, l'Éducation Nationale, et d'autre part, un pied dans l'interprofessionnel. Cette conception du syndicalisme est ancienne et trouve ses origines dans le syndicalisme de lutte du début du XXe siècle : les travailleurEuses s’organisent par branche d'activité (et non par entreprise), au sein des territoires (avec un lien confédéral), quelque soit leur statut (CDI, CDD, fonctionnairE, pigistE, intérimairE, auto-entrepreneurEUSE, apprentiE...) Selon Guillaume Goutte, cette structuration « permet la construction de solidarités concrètes entre travailleurs d’une même branche professionnelle/industrie, de casser la mise en concurrence patronale des travailleurs, de développer des politiques salariales ambitieuses, de mutualiser les moyens militants (financiers comme humains), de sortir du cadre institutionnel du syndicalisme d’entreprise, d’obliger les camarades à s’intéresser à ce qui se passe ailleurs que dans leur boîte, de déserter le terrain où l’employeur est roi pour l’obliger à se confronter avec la solidarité de classe ».
L'interpro aujourd'hui, ça sert à quoi ?
L’interpro, c’est d’abord un lieu pour appréhender de manière complexe la réalité d'un territoire. On peut reprendre les termes d'Anouck Colombani, co-secrétaire de Solidaires 93 : « De façon simple, l’interprofessionnel est le meilleur lieu de rencontre d’un territoire et de confrontation des situations. Les différences de composition des syndicats permettent de faire se rencontrer des catégories sociales très différentes les unes des autres, de se croiser entre personnes aux origines différentes. Un jeune enseignant arrivé d’une ville moyenne, lointaine et plutôt blanche, pourra ainsi rencontrer une hospitalière ayant fait toute sa carrière dans un hôpital du coin ou un trentenaire maintenu catégorie C dans une collectivité territoriale. (...) L’interprofessionnel doit pouvoir transcender les groupes et les barrières. C’est un espace qui peut à la fois servir de lieu d’accueil, de lieu de superposition des histoires (celles qui nous précèdent et celles qui nous font aujourd’hui). »
Il s’agit ensuite d’aborder les luttes syndicales de manière globale : l'offensive du néolibéralisme au travers des réformes dans l'éducation doivent être analysées au prisme des politiques de démantèlement des services publics dans la Santé, le transport ferroviaire, à La Poste. De la même manière, il serait vain de lutter pour de meilleurs conditions de travail et d’apprentissage pour nos élèves à l’école sans combattre le capitalisme, le sexisme, le racisme et toutes les autres oppressions dans les autres secteurs d’emploi et dans le reste de la société.
Un « Solidaires local » a aussi pour fonction de coordonner les luttes en cours à l'échelle départementale. L'union syndicale départementale est l'échelon qui permet de rendre visible les initiatives de lutte qui ont lieu et de les coordonner. Lors du dernier mouvement social contre la réforme des retraites, à l’échelon départemental, nous avons clairement manqué d'une vision d’ensemble du rapport de force branche par branche, boite par boite.
Enfin, l’interpro permet de mutualiser les moyens syndicaux du public avec le privé. Depuis sa création, Solidaires repose en grande partie sur les moyens syndicaux qui existent dans le public comme les Autorisation Spéciale d’Absence (ASA) pour raison syndicale. Dans le privé, les droits syndicaux sont beaucoup moins importants. Par exemple, les ASA n’existent pas. Solidaires vit de cette mutualisation. L'enjeu est de taille entre d'une part la privatisation de pan entier du service public (La Poste, bastion du syndicalisme à Solidaires passe entièrement sous le règlement du privé en 2024) et d'autre part, la faiblesse du taux de syndicalisation dans le privé. Des échéances très proches vont nécessiter d’appliquer cette mutualisation du temps syndical entre public et privé : en effet, fin novembre-début décembre 2024 auront lieu les élections des très petites entreprises (TPE) et très petites associations (TPA). Les résultats de ces élections sont cruciaux pour l’implantation et l’avenir des syndicats de Solidaires.
2. Solidaires 13 et SUD éducation 13 : Des propositions concrètes pour faire vivre l'interpro
État de l'Union Syndicale Solidaires 13
En 2024, Solidaires Bouches-du-Rhône compte environ 3 500 adhérentEs. Dans notre département, en terme de nombres d'adhérentEs, les syndicats numériquement les plus importants sont SUD PTT (près de 800 adhérentEs) Solidaires Finances publiques et Sud Santé Sociaux (environ 600 adhérentEs chacun), SUD Rail (350 adhérentEs) et enfin SUD éducation (environ 300 adhérentEs).
Malgré le nombre d'adhérentEs, Solidaires 13 fait actuellement face à un déficit de forces militantes proactives. En juin 2023, il n'y a eu aucun renouvellement des trois co-secrétairEs qui étaient pourtant arrivéEs au terme de leur renouvellement de mandat (deux fois trois ans). Un des co-secrétairEs n'a pas repris de mandat, les deux autrEs assurant le mandat par intérim pour une durée de six mois. L'équipe d'animation de Solidaires 13 (équivalent de l'équipe syndicale) repose actuellement sur moins de 5 camaradEs.
Face à ces difficultés, le secrétariat a envoyé une adresse « d'urgence » aux différentes structures de Solidaires 13. Le 26 janvier 2024 avait lieu un Conseil syndical qui pose les bases d'un nouveau fonctionnement, avec comme perspective un Conseil syndical exceptionnel en octobre 2024. A l'ordre du jour, sera abordé le renouvellement de l'équipe d'animation et du secrétariat.
Propositions :
Fonctionnement équipe d'animation de Solidaires 13
Propositions :
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Deux décharges de SUD éducation 13 pour l'USS 13 : participation à l'équipe d'animation et aux commissions syndicalisation et formation
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Proposer unE militantE de SUD éducation 13 comme co-secrétairE départementalE
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Insister sur l'importance d'une réunion hebdomadaire de l'équipe d'animation en alternant journée et horaires en soirée (pour permettre à des camaradEs non déchargéEs de participer à l'animation)
Au sein de SUD éducation 13
Propositions (court-terme) :
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Faire un point spécifique Solidaires 13 lors des AG, point qui ne doit pas se trouver systématiquement en fin d'AG
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Mettre en avant les formations de Solidaires 13 et les diffuser auprès des adhérentEs de SUD éducation (mail spécifique, ajout à la liste d'info, présentation en AG)
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Participer aux formations de Solidaires 13, en particulier les formations sur le fonctionnement de Solidaires
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Relayer systématiquement les initiatives de SUD éducation 13 au niveau de Solidaires 13
Propositions (moyen terme : rentrée 2024) :
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Participer activement à la campagne pour les élections professionnelles des TPE et TPA qui aura lieu (dépôt d’ASA pour tournées de boite en interpro)
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Notre réflexion sur Solidaires ne doit pas être purement fonctionnelle mais aussi politique : comment fait-on avancer nos orientations politiques au sein de Solidaires ? En effet, nous pouvons souvent constater lors des Conseils Syndicaux de Solidaires 13 que à SUD éducation 13, nous n’avons pas tout à fait les mêmes positions sur certains sujets, notamment sur des questions sociales comme l’écologie, le féminisme, l’islamophobie, les transidentités… Il s’agira de réfléchir comment rendre Solidaires 13 plus consciente sur l’antiracisme, le féminisme intersectionnel, les LGBTQI+ phobies, l’antivalidisme… En outre, lorsque nos désaccords sont profonds (sans être irréconciliables), quelle position adopte-on, comment essaie-t-on malgré tout de chercher le consensus ?
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Développement de Solidaires 13 en dehors de Marseille : par exemple, avec la tenue de permanences.