SUD éducation 13 affirme son regard antiraciste et décolonial :
Dénoncer et empêcher les risques génocidaires en cours
Suite aux massacres et à la prise d’otage par le Hamas le 7 octobre 2023, le pouvoir d’extrême-droite israélien multiplie les meurtres et exactions en Cisjordanie, anéantit Gaza par ses bombardements et ses attaques terrestres, décime au fil des jours les infrastructures non militaires et les populations civiles. Des familles entières, les journalistes, des membres d’ONG sont tuéEs. Des voix s’élèvent à l’ONU pour avertir des risques génocidaires, une plainte a été déposée contre Israël à la cour pénale internationale pour génocide et crimes de guerre, les ONG comme Médecins sans frontière, Amnesty international et La Croix Rouge nous alertent. Il est de notre devoir humain et syndical de ne pas détourner le regard, de réfléchir au soutien le plus clair, le plus concret, à apporter à la population palestinienne massacrée.
S’opposer à la pénalisation et aux discriminations des soutiens à la Palestine
La répression aveugle qui s’abat sur la Palestine est visible aussi en France, la pénalisation de ses soutiens : amendes, gardes à vue, accusations d’apologie du terrorisme sont apparues d’emblée puis ont diminué face à l’ampleur des mobilisations. Depuis un mois, les manifestations organisées par Urgence Palestine Marseille ont lieu sans incident. Cette semaine les bombardements ont repris et pourtant la préfecture a posé deux interdictions consécutives. La liberté de manifester est mise en danger, le soutien au peuple palestinien est suspecté d’être dangereux, haineux et de promouvoir le terrorisme. C’est le mécanisme d’une essentialisation sordidement raciste. SUD éducation 13 s’oppose à ces stigmatisations et veille au respect des libertés fondamentales.
Cette répression apparaît aussi dans des établissements scolaires où nos élèves peuvent être durement sanctionnéEs lorsqu’iEls taguent des drapeaux palestiniens, d’aucunEs les considèrent comme des ennemiEs de la République s’iEls expriment leur empathie pour la Palestine et leur inquiétude face aux discriminations grandissantes de l’Etat et de nombreux médias. SUD éducation rappelle son esprit critique, sa vigilance, réaffirme son droit au désaccord avec le gouvernement et le cadrage médiatique dominant.
Empêcher l’importation raciste du conflit
Depuis deux mois la montée de l’antisémitisme et de l’islamophobie est grandissante. La boussole anti-raciste doit nous permettre de penser tous les racismes sans les hiérarchiser pour mieux les combattre en déconstruisant les représentations fallacieuses et les amalgames dangereux.
Lutter contre l’islamophobie c’est refuser les discriminations de l’État, de certains médias qui s’emparent de chaque fait divers pour brandir la menace islamiste et accuser sans cesse les musulmanEs, c’est se mobiliser contre la banalisation des dites « ratonades », des marches islamophobes et xénophobes décrites comme des manifestations de « l’ultra droite ». Lutter contre l’islamophobie c’est refuser les circulaires et projets de loi racistes qui stigmatisent nos élèves.
Lutter contre l’antisémitisme, c’est refuser et déconstruire les complotismes, ses vieux clichés et ses nouveaux visages, lutter contre l’antisémitisme c’est ne rien laisser passer en classe, en salle des personnelLEs ou ailleurs, c’est fermement condamner et se mobiliser contre la banalisation des tags, profanations et agressions qui rappellent les heures les plus sombres de l’Histoire. Lutter contre l’antisémitisme c’est toujours se tenir aux côtés de toute personne attaquée en tant que juifVEs.
Lutter contre l’antisémitisme et l’islamophobie c’est refuser les amalgames : condamner l’islamisme du Hamas ce n’est pas être islamophobe, condamner le sionisme de Netanyahu ce n’est pas être antisémite. Refuser ces distinctions, c’est entretenir le confusionnisme et les essentialisations racistes.
Lutter contre l’antisémitisme et l’islamophobie c’est refuser les instrumentalisations : instrumentaliser la menace islamiste dès qu’un fait divers a lieu en France nourrit l’islamophobie, instrumentaliser l’antisémitisme pour disqualifier les adversaires politiques ou le soutien palestinien ne conduit qu’à l’entretenir.
SUD éducation affirme qu’être antiraciste permet d’éviter tous ces pièges amplifiés par la paralysie émotionnelle face aux massacres qui s’enchaînent.
La boussole décoloniale
Depuis le discours commémoratif de la rafle du Vel d’Hiv en 2017, il est institué par Macron qu’être antisioniste cache un antisémitisme. Cela a pu être vrai dans le passé avec Staline ou actuellement avec Soral mais c’est précisément la boussole antiraciste et décoloniale qui nous permet de penser clairement et politiquement le sionisme comme l’antisionisme. Ce dernier est défini par Michèle Sibony (membre de l’UJFP) comme : " refuser le nationalisme juif et le régime politique colonial qui s'établit en Palestine, défendre le droit au retour des réfugiéEs palestinienNEs, appeler à l'égalité entre JuifVEs israélienNEs et Arabes palestinienNEs et à la fin du suprémacisme juif en Israël-Palestine".
Être antisioniste ne signifie pas vouloir mettre dehors tous les JuifVEs du Moyen Orient, être antisioniste signifie s’opposer au nationalisme, à l’apartheid et à la barbarie de la colonisation. Plutôt qu'abandonner ce concept à cause d’antisémites qui agissent masqués, il convient au contraire de l’employer de manière claire et rigoureuse, dans son sens anti-impérialiste et anti-colonial.
SUD éducation 13 appelle à se mobiliser massivement pour les manifestations et les actions en soutien au peuple palestinien et rappelle son engagement dans les campagnes BDS (Boycott Désinvestissement Sanctions).