Dématérialisation de la formation continue et brigades numériques : un pas de plus inacceptable vers le « tout numérique » par le Rectorat d’Aix-Marseille

Compte-rendu du CSA du 28 mai 2024

Pour les non initiéES à quoi ressemble un CSA dans l’académie d’Aix Marseille en 2024 ?
Un long boulevard temporel de 9h00 à 14h30  sans interruption ! Pas de pause café pas de pause repas !  On commence à 30, on finit à 15 personnes. Plusieurs personnels administratifs et notamment - la secrétaire du recteur chargée de prendre le compte-rendu n’a jamais quitté la salle pendant plus de 5h 30 !
De quoi parle t-on en CSA ? De moyens éducatifs d’éducation nationale, d’attractivité du métier et donc  de conditions de travail. Donc oui, nous réitérons notre inquiétude déjà exprimée quant aux conditions de travail des personnels administratifs du Rectorat !

 

Lors du CSA du 28  mai, après lecture des déclarations liminaires (hyperlien), plusieurs points étaient mis à l’ordre du jour qui méritent l’attention de toute la communauté scolaire :

  • la mise en place d’un Guide académique des gestes spécifiques de l’EPS
  • le bilan de la formation continue et notamment des formations pendant les vacances scolaires
  • l’expérimentation à la rentrée de septembre 2024  de brigades numériques dans le 2nd degré pour 3  années dans notre académie
  • la charte académique du télétravail (déclinaison du cadrage national)

Tous ces points étaient soumis à « l’examen » des organisations syndicales représentatives, mais aucun n’était soumis au « vote ».

Sur le guide académique des gestes spécifiques de l’EPS, il vise à rappeler la spécificité de la prise en charge des corps adolescents et à gérer certains évènements critiques qui se multiplient. C’est un dispositif complémentaire à disposition des équipes éducatives.

Le bilan de la formation continue et notamment des formations pendant les vacances scolaires
Dans leur grande majorité, les organisations syndicales dénoncent l’orientation prise par la formation continue. Les organisations syndicales constatent que dorénavant pour se former il faudra accepter une surcharge supplémentaire de travail. Par ailleurs la part individuelle de la formation est réduite à peau de chagrin face aux formations institutionnelles.

SUD éducation dénonce 3 dégradations:

  • une montée en puissance de la visio et des formats hybrides,
  • l’organisation de formations en fin d’après-midi après les journées de cours, le mercredi après-midi, le samedi matin et pendant les vacances scolaires,
  • un focus sur les “savoirs fondamentaux”.

Sur la montée de la part en distanciel des formations, le rectorat se félicite de « l’équilibre trouvé » et SUD éducation regrette que le rectorat ne cherche pas à sanctuariser la répartition présentiel/distanciée actuelle. Pour SUD éducation, dans nos métiers comme dans tous les secteurs, le temps de formation est du temps de travail. Il est inacceptable que notre administration laisse croire que les temps sur lesquels nous ne sommes pas avec les élèves est du "temps libre".
La  trajectoire fixée par le ministère pour augmenter le temps de formation hors temps devant élève est justifiée par le gouvernement par des arguments fallacieux et témoigne d’un mépris du métier enseignant. La formation continue ne peut être tenue comme responsable des l'incapacité de l'administration à assurer les remplacements des enseignantes et enseignants. Sur les 15 millions d’heures perdues sur 2020-2021, seules 1,5 millions d’heures sont dues à la formation continue.
Par ailleurs les personnels du 1er degré  et les personnels ITRF (19% de taux de participation) restent une nouvelle fois les parents pauvres du plan de formation !

Sur la mise en place de formation pendant les vacances scolaires les organisations syndicales ont unanimement dénoncé cette dégradation des conditions de travail. Nous constatons que la part des femmes d’une trentaine d’années a baissé cette année. Même si cela reste sur la base du volontariat et qu’une allocation est proposée aux stagiaires pour SUD éducation ces mesures vont conduire les personnels à renoncer à leur droit à la formation et les formateurs et formatrices à démissionner.

Brigades numériques :
les organisations syndicales ont fermement exprimé leur opposition à ce dispositif. Le Rectorat s’inspire de l’académie de Nancy Metz et décide de transformer 11 TZR en 11 brigades numériques. Il s’engage à remplacer les 11 TZR sans nous préciser comment... Le recrutement se fera en SPEA postes spécifiques académiques. Une fiche de recrutement a été publiée. Quand et comment cette "expérimentation" sera évaluée ? Le Rectorat y réfléchit et nous invite à le faire avec lui... Il est hors de question pour SUD éducation de négocier la longueur de la chaîne ! Ce dispositif de dématérialisation de la relation pédagogique à grande échelle en raison d'un manque de personnels est une menace sur l'avenir de nos métiers. Nous devons toustes nous y opposer !

Côté pratique, l'organisation du travail de ces brigades et de toustes celles et ceux qui devront accompagner leur mise en place dans les établissements est ubuesque : les personnels exerceront leur mission dans une salle dédiée dans un RAD établissement de rattachement où le matériel requis sera mis à leur disposition. Divers scénarios sont prévus, dans lesquels les élèves seront surveillés par des personnels AED sans qu’aucun moyen ne soit affecté aux vies scolaires pour assurer cette mission supplémentaire et alors que les vies scolaires fonctionnent en sous effectif systémique.

Côté sécurité informatique ? Rien, ou presque... Alors que de nombreuses intrusions sur les ENT ont eu lieu cette année, SUD éducation a appelé à la vigilance sur les risques relatifs à la cybersécurité et sur la nécessité de penser les aspects matériels de ce dispositif (matériel informatique requis pour les personnels et les élèves aménagement de salles dédiées). Dans de nombreux établissements, les conditions ne sont pas réunies.

L'art de "l'effet cliquet". Comment faire passer une mesure que les personnels rejettent en douceur, on la présente comme une "expérimentation". C'est tellement classique et si peu engageant. SUD éducation a alerté sur le fait que cette expérimentation puisse entraîner un effet cliquet, et qu'aucun retour en arrière ne soit possible malgré les promesses de l'administration !
Les organisations syndicales ont demandé à ce que les associations de parents soient également informées de la mise en place de ces "brigades numériques".

Pour SUD éducation ces brigades numériques, (même expérimentales et provisoires pour 3  ans) sont une fausse solution pour un vrai problème : le manque de personnels. Nous revendiquons l’ouverture de postes aux concours, le recrutement massif de personnels d’éducation et la titularisation des personnels précaires. Nous exigeons le recrutement massif d'AED pour renforcer des vies scolaires exsangues, la création d'un statut de la fonction publique et une augmentation des salaires immédiate.

A 14h30 et en moins de 10 minutes nous avons traité le dernier point de l'ordre du jour sur la charte académique du télétravail.
Pour la cadrage académique nous avons alerté sur l’absence de mention d’allocation forfaitaire dans le texte  présenté.  Nous avons souligné que cette allocation est dispensable pour prendre en compte les frais induits pour les agentES par le télétravail. Le directeur de ressources humaines nous assuré que la règle nationale s’appliquerait.
Les organisation syndicales appellent à la vigilance sur la dotation en matériel informatique indispensable pour  la mise en place d’un télétravail effectif. Le rectorat s’engage à aider les établissements en difficulté sur ce sujet.
Concernant les refus pour certains personnels, les OS demandent un cadrage plus strict des refus (CAPA de recours, écrit notifié).

En instance nationale SUD éducation a voté contre la charte ministérielle. En CSA nous avons répété nos positions. Le cadre ministériel est en deçà du texte voté pour la fonction publique.

Nous sommes conscientES qu'il faut encadrer une situation existante et l’adapter au plus près des réalités des collègues afin d’obtenir un maximum de garanties et de droits protecteurs pour les agent-es. On ne peut que répondre aux demande de certains personnels. Malgré tout pour SUD éducation le télétravail n'est pas une organisation du travail satisfaisante. Elle brise les collectifs de travail (et donc de lutte aussi), entraîne une dimension abstraite du travail, de nouvelles formes de contrôle, impose des objectifs individuels de plus en plus exigeants, permet des techniques de management nouvelles et plus pernicieuses (procédures, protocoles, reporting…). Elle encourage l'utilisation massive des outils et technologies numériques dont l'impact environnement ne cesse d'alimenter la crise écologique et climatique.
Pour SUD éducation, le télétravail n’est pas une solution à la crise de l’éducation ni à la crise climatique.